Le silence d’Isra (1) d’Etaf Rum, L’Observatoire, 2020.
J’ai fait un résumé du livre d’Etaf Rum, auteure américaine de 31ans, issue d’une famille d’émigrés palestien. « Le silence d’Isra » est son premier roman.
Il débute par ses mots : « Je suis née sans voix, par un jour nuageux et froid à Brooklyn… Là d’où je viens, le mutisme est la condition même de son genre… Là d’où je viens, on nous apprenait à nous réduire nous-mêmes au silence, on nous apprenait que notre silence nous sauverait. Ce n’est que maintenant, bien des années plus tard, que je sais que tout cela est faux. Ce n’est que maintenant, en écrivant cette histoire, que je sens venir ma voix. » Le récit se déroule de 1990 à 2009 à travers trois générations de femmes et alterne entre présent et passé, d’une protagoniste à l’autre :
– Isra, 17 ans, quitte sa Palestine natale pour être mariée de force à Adam qui vit déjà avec sa famille en Amérique. Ces rêves alimentés par la lecture en cachette du livre des « Mille et Une nuits » seront vite bannis par une réalité autre bien plus cruelle et dévastatrice… Elle donne naissance à quatre filles alors qu’on attend d’elle un héritier mâle..
– Farida, la grand-mère paternelle, a eu elle même une enfance malheureuse en Palestine, mais elle a su s’imposer par son caractère fort et sans concession auprès de toute sa famille en devenant la gardienne farouche et tyrannique d’une tradition ancestrale… Même son fils aîné Adam, sur lequel repose le devoir de subvenir coûte que coûte au bien être matériel de la famille subit cette pression qui finira par le déshumaniser…
– Seya, 18 ans, la fille aîné d’Isra et d’Adam, soutenue par sa tante Sarah qui quelques années auparavant a fui cette famille étouffante, arrivera peu à peu à mieux comprendre son histoire et les secrets bien gardés qui l’entourent.
Sans quitter son milieu familial, elle trouvera en elle la force de s’émanciper pour aller vers plus de liberté.
Très beau roman bouleversant qui nous amène à nous interroger sur nos propres peurs et enfermements…
Il nous montre aussi que l’espoir de s’en libérer est toujours possible…
Anne T.