Rêver debout (Lydie Salvayre)

Lydie Salvayre, Rêver debout, Seuil, 2021.

Lydie Salvayre est une autrice dont les livres déjà parus sont tous différents :

Pas Pleurer, son premier roman, prix Goncourt s’épanchant sur la vie de sa mère disparue après avoir oublié . qu’elle avait été dans la tourmente de la guerre civile espagnole ;

Tout homme est une nuit Un roman qui pose le problème actuel de l’intégration.. Elle n’est possible que si les deux camps arrivent à avoir des points communs :  un pas-tout-à-fait-pareil, un pas-tout-à-fait-conforme, un homme malade qui a choisi de se retirer dans un lieu de beauté, et de l’autre : les habitants d’un paisible village que l’arrivée de ce nouveau, de cet intrus, bouscule et profondément déconcerte.

 Marcher jusqu ’au soir  où elle évoque une nuit passée au musée Picasso pour questionner le milieu artistique et ses institutions. Elle essaie de comprendre comment s’est constitué son rapport à la culture en faisant l’éloge de L’Homme qui marche de Giacometti cherchant à approfondir, ce que l’artiste a voulu exprimer.

Rêver Debout est un roman original sous forme de 15 lettres où l’autrice interpelle Miguel de Cervantès sur la façon dont il se « moque » de Don Quichotte, l’homme révolté qui rêve de justice, le rend ridicule, l’expose aux railleries et aux coups, à la violence de son temps qui fait même écho à la violence de notre époque

J’ai trouvé indispensable de relire les faits tels que les a présentés Cervantès car même si L’autrice dresse l’inventaire des mésaventures du héros c’est parfois un peu confus.

Le ton peut être ironique, cinglant, tendre, plein d’humour lucide, et parfois en colère ; un livre qui bouleverse par ses échos dans notre temps !

Chaque lettre  adressée à Cervantès forme un tout :

Un style répétitif avec des questions sans réponses,

Des formules reprises à l’identique …

Une politesse déférente envers l’auteur monsieur ;

Une expression familière avec le Quichotte ;

Des digressions sur le monde, la folie, l’utopie, la morale

Des références historiques sur l’Espagne de 1600 sous l’Inquisition  ….

Pour ma part c’est le livre de Lydie Salvayre que j’ai apprécié le plus après pas pleurer !

On retrouve sa fougue et son écriture sans fioriture dans une conversation imaginaire pleine de bon sens remettant Don Quichotte à l’ordre du jour  et donnant envie de le lire ou de le relire !

Denise A.