De purs hommes de Mohamed MBOUGAR SARR

DE PURS HOMMES de MOHAMED MBOUGAR SARR, Le Livre de poche, 2021

Mohamed MBougar Sarr est un romancier sénégalais d’expression française, né en 1990 à Dakar au Sénégal. Il vit depuis 2009 en région parisienne avec sa famille.

Il a obtenu le prix Goncourt en 2021 pour son roman « La Plus Secrète Mémoire des Hommes. »

Un jeune écrivain sénégalais, Diégane, qui vit à Paris découvre par hasard un livre écrit en 1938 : « Le Labyrinthe de l’inhumain ». Ce livre va le bouleverser et l’amener à rechercher qui était cet auteur mystérieux T.C. Elimane, qualifié en son temps de « Rimbaud Nègre ». Dans sa quête, il va faire des rencontres, qui vont lui apporter, soit directement, soit indirectement, des fragments de réponses aux questions qu’il se pose sur qui était Elimane. En arrière plan, ce livre aborde les questions du colonialisme, des relations Afrique / Occident et de la légitimité de l’écriture.

Livre dense avec beaucoup de personnages d’hier et d’aujourd’hui qui se croisent ou se souviennent… J’ai beaucoup aimé ce livre mais il faut prendre le temps pour le lire et avoir une liste de tous les personnages qui composent cette histoire pour ne pas perdre le lien qui les unit les uns aux autres.

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« De Purs Hommes » est son 3ème roman publié en 2018.

Il s’est inspiré d’un fait divers homophobe lié à une vidéo virale dans lequel une foule exhume le cadavre d’un homme supposé être homosexuel, un « Góor-jigéen » (Homme-femme).

Un jeune professeur de lettres, Ndéné, déçu par l’enseignement, regarde avec son amante la vidéo. D’abord indifférent, le jeune homme se retrouve vite au cœur du débat, le doyen de l’université souhaitant interdire, au grand dam du professeur,  l’enseignement de certains auteurs, dont Verlaine, connus pour son homosexualité.

Dès lors, fatigué de l’hypocrisie morale d’une société engluée dans la tradition et muselée par la religion, il cherche à comprendre le rejet et la cruauté dont sont victimes les homosexuels. Ndéné est rapidement discrédité et bientôt la rumeur court qu’il est lui-même homosexuel, car par ailleurs il a retrouvé la trace de l’homme exhumé et de sa famille, et est allé s’informer de ce qui s’était passé. Et à la fin, banni par son entourage et l’institution dans laquelle il exerce, il  « revendique avec force le droit d’être soi-même, se faisant le bouc-émissaire d’une humanité qui porte les stigmates de la monstruosité »

Ce roman a été vivement critiqué au Sénégal où ses détracteurs l’ont accusé de faire l’apologie de l’homosexualité.  Dans ce pays,  l’homosexualité est un délit passible de cinq ans d’emprisonnement.

Mohamet MBougar Sarr revendique la portée politique de son roman, il explique notamment que « ceux qui accusent les Occidentaux d’avoir importé l’homosexualité se trompent » et il dénonce « l’emprise très forte sur les esprits du pouvoir religieux ».

Très beau roman aussi que cette remarque, de Mohamed MBOUGAR SARR à un journaliste, résume bien : « je ne veux pas convaincre le lecteur sur un sujet de société mais activer des réflexions ».